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Entretien avec Isaac SIMON, Président et fondateur de l’association AdopteUnChat.org

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Tout d’abord, parlons de vous. Vous avez 16 ans, d’où vous est venue l’idée de créer une association de protection animale ?

Lorsque j’avais 12 ans, j’ai commencé à faire du bénévolat dans différentes associations de protection animale de Brest. Mais j’avais envie de faire plus. Alors, dans mon coin, j’ai commencé à stériliser des chats, à en nourrir et à en faire adopter. J’ai rencontré des gens formidables qui m’ont aidé et, grâce aux réseaux sociaux, j’ai reçu de l’aide des quatre coins de la France. Grandissant, je ne pouvais plus faire cela en dehors d’un cadre légal et j’ai demandé de l’aide pour créer mon association. C’est comme ça qu’est née AdopteUnChat.org.

 

Quelles sont les actions de l’association ?

La mission prioritaire de l’association AdopteUnChat.org est la stérilisation massive des chats des rues, afin d’en limiter le nombre et pouvoir garantir la meilleure prise en charge possible de ceux qui souffrent. Dans ce cadre, nous avons signé une convention avec la ville de Brest qui vient d’être validée en préfecture du Finistère. Cela va nous permettre d’intervenir dans un cadre légal sur le territoire. D’autres conventions vont être signées très prochainement avec d’autres institutions afin d’agir dans le respect de procédures.

 

En parlant de procédures, vous êtes un refuge, qu’est-ce-que cela signifie ?

Notre refuge est déclaré auprès des autorités préfectorale et municipale. Il dispose d’un vétérinaire sanitaire référent et de personnels titulaires des diplômes nécessaires à l’exercice de l’activité. Chaque animal qui rentre au refuge est déclaré sur un registre et les interventions chez le vétérinaire sont consignées par ce dernier dans le livre de santé de l’association. Nous travaillons donc en toute transparence.

L’association AdopteUnChat.org dispose aussi des matériels nécessaires pour assurer la capture, le transport et les soins des animaux ainsi attrapés. Au refuge, nos procédures garantissent une sécurité sanitaire maximum. Quant aux évaluations comportementales, elles nous assurent de ne pas remettre à la rue un chat qui n’y aurait pas sa place.

Etre un refuge nous engage. Nous avons des comptes à rendre auprès des autorités, nous nous devons d’être exemplaires dans nos protocoles et notamment dans le suivi de notre règlement sanitaire interne.

 

Rencontrez-vous des difficultés depuis votre ouverture ?

Une de nos principales difficultés est de placer les chats à la sortie de leurs soins, d’où le nom de l’association, AdopteUnChat.org. Le second problème que l’on rencontre, c’est la quantité de chats errants sur le territoire, ce qui nous oblige à faire des choix dans nos prises en charge, privilégiant les chats en grandes difficultés ou les chats dont le pronostic vital peut être engagé.

 

Travaillez-vous aves des familles d’accueil ?

Nous sommes avant tout un refuge et un centre de soins. Nous ne travaillons pas avec les familles d’accueil pour plusieurs raisons. La première, garantir un suivi sanitaire optimal afin de ne pas faire courir de risque à une famille en y plaçant un chat potentiellement malade, est une raison déjà suffisante. La seconde raison, c’est éviter qu’un lien affectif trop fort ne se lie entre la famille d’accueil et l’animal et la faire basculer vers une adoption. Nos animaux restent en effet de longues semaines chez nous pour les soins et la socialisation. Il peut être difficile pour une famille de se séparer d’un animal qui aurait passé plusieurs mois chez elle.

Même si il n’y a rien de mal à devenir un adoptant quand on est famille d’accueil, on connaît les dérives et certaines familles en viennent à posséder de nombreux chats, au-delà du raisonnable. Il faut savoir que l’article 26 du règlement sanitaire départemental du Finistère (arrêté préfectoral du 12 août 1980) interdit de posséder plus de 5 chats en zone agglomérée. Pour des raisons de responsabilités et de suivi, l’association AdopteUnChat.org a donc fait le choix de placer ses animaux en chatteries, au sein de son refuge.

 

Quels sont vos tarifs ?

Il n’y a pas de « tarifs » à AdopteUnChat.org. Nous demandons juste aux adoptants de participer aux frais que nous avons eus sur les animaux. Chaque animal a une fiche de suivi, tout y est inscrit, dont les frais que nous avons eus pour lui. Lors de l’adoption, nous faisons la somme de ces frais et cela correspond à la participation demandée. Nous ne souhaitons pas faire de commerce sur le dos de l’animal. Les frais correspondent en général aux tests (FIV et FeLV) systématiques que nous faisons à l’arrivée de l’animal, le déparasitage interne et externe, la stérilisation et l’identification. En règle générale, nous ne faisons pas peser sur l’adoptant les frais lourds, les médicaments, etc., ces derniers sont pris en charge par nos adhérents.

 

Quel est le profil des animaux que vous mettez à l’adoption ?

Nos chats sont de tous âges, souvent des victimes d’abandon. Ils ont beaucoup souffert de cette séparation et leur petit corps a très mal vécu l’inconfort de la rue. Ils ont été victimes de maltraitances, d’accidents, de bagarres entre chats, de maladies, de malnutrition… Souvent le pronostic vital est engagé. Nous n’hésitons pas à tout mettre en œuvre pour les soigner, qu’importe le coût ou le temps que cela peut prendre. Maintenant, nous sommes aussi responsables, il n’y a jamais d’acharnement. Nous ne pouvons malheureusement pas tous les sauver, ce sont des moments difficiles pour tout le monde et pour les soigneurs en particulier.

Après plusieurs mois de soins (entre 3 et 6 mois), les chats que nous proposons à l’adoption sont prêts pour une nouvelle vie, ils sont sains et ne nécessitent pas de soins particuliers. Nous connaissons leur comportement et savons quelle famille correspond le mieux à leur tempérament. C’est du sur-mesure, mais nous ne voulons surtout pas qu’ils revivent l’enfer dont on les a libérés.

 

Vous arrive-t-il d’avoir des chatons ?

Ça peut arriver, mais dans ce cas-là nous les confions à Animal et ville pour qu’ils puissent les orienter vers une autre structure. Nous n’avons rien contre les chatons, mais d’autres associations plus grandes ont le réseau nécessaire pour les placer plus rapidement. Lorsqu’il n’y aura plus de chats en danger, nous prendrons des chatons, mais en attendant, notre priorité reste les chats en détresse.

Les chatons représentent notre échec dans la gestion des chats libres.

 

Travaillez-vous avec les autres associations de protection animale ?

Lorsque l’on a ouvert, nous avons essayé de rentrer en contact avec les associations de Brest, mais nos sollicitations sont restées lettre morte. Nous avons toutefois de bons contacts avec les Chats Conquétois au Conquet et avec les SPA de Concarneau et de Quimper. D’autres partenariats viendront sûrement plus tard, mais pour le moment, nous sommes vus comme des « concurrents ». C’est parfois désolant, mais nous n’y pouvons rien. Le travail que l’on fait est bien plus important que de s’attarder sur des considérations de personnes.

 

Faîtes-vous des collectes également ?

Oui, nous avons un très petit budget et de gros besoins. D’abord, nous devons apporter de la nourriture à nos nourrisseurs. Nous avons plusieurs points sur Brest que nous approvisionnons régulièrement. Ces points de nourrissage nous permettent notamment de fixer une population sur un endroit donné pour mieux la gérer. Nous donnons aussi le fruit de nos collectes aux animaux du refuge. Enfin, les collectes, c’est aussi pour nous l’occasion de récupérer de la litière, du matériel d’entretien pour les locaux et la désinfection des box.

Nous profitons des collectes pour prendre des contacts et répondre aux questions des clients de nos partenaires.

Nous travaillons avec toutes les enseignes, mais des partenariats se sont mis en place, comme avec le SUPER U de Guipavas par exemple. Nous avons d’ailleurs tout récemment recueilli un chat errant qui pillait littéralement les réserves du magasin, il est actuellement en soins au refuge et sera proposé à l’adoption dans quelques semaines.

 

Quid des journées adoption dans les animaleries ?

Nous travaillons pour la protection et la défense des animaux. Nous sommes contre la commercialisation des animaux en général et la captivité des animaux en particulier. Il ne nous est éthiquement pas possible de travailler avec des entreprises qui vendent des animaux. D’autant plus que l’on nous demande régulièrement d’être le service après-vente de ces enseignes, avec des situations parfois terribles. Enfin, les chats sont très sensibles à leur environnement, les déplacer pour les exposer dans une cage est pour nous inconcevable. Nous préférons qu’ils profitent du calme des chatteries en attendant un adoptant. Il est pour nous primordial de privilégier le bien-être de nos pensionnaires.

 

Merci Isaac pour toutes ces précisions sur votre association.

Si vous avez d’autres questions concernant l’association AdopteUnChat.org, n’hésitez pas, contact@adopteunchat.org